et découverte que le lait, ça coule même quand on n’allaite pas… (ou une anecdote sur ma sortie humiliante avec un sourire gêné en pharmacie, jour 5 post-accouchement)
Flashback
Rewind 17 ans en arrière.
Jour 5 post-accouchement.
J’ai retrouvé mes jambes, un semblant d’équilibre.
Le soleil de septembre brille, journée douce pour l’automne québécois !
Je caresse l’idée de sortir, mais j’ai les cheveux sales, je porte un vieux top fripé, des pantalons mous.
C’est pas grave, je me lance — je file à la pharmacie, retrouver un semblant de liberté !
7 minutes de marche vers la liberté.
À l’époque, la pharmacie est à environ sept minutes de marche de la maison, c’est donc pas une ballade trop ambitieuse, mais je suis complètement exaltée.
Je remplis mes poumons d’air doux, je souris aux gens que je croise dans la rue (chose que je persiste à faire aujourd’hui, malgré le manque fréquent de réception et rétroaction !).
Mais en plus, cette journée-là est particulièrement spéciale pour moi.
Yes, il s’agit de ma première sortie sans la petite bête qui s’est attachée à mon sein 5 jours plus tôt et qui remplit mon univers sonore sans répit, jour et nuit depuis !
Alors, vous voyez, une marche à la pharmacie est un véritable échappatoire, un moment de « silence » urbain réjouissant, un moment de liberté corporelle incomparable.
À la pharmacie…
Arrivée en pharmacie, je regarde à droite, à gauche, j’erre un peu dans le magasin, touchant à tout, sans but précis, avant de me rendre au comptoir pour payer.
J’ai dû acheter des comprimés, j’oublie ce détail.
La caissière (à peine sortie de l’adolescence) n’est pas particulièrement sympathique, mais rien ne peut diminuer ma satisfaction d’être libre — même pas son air bête.
Je lui lance un grand sourire de maman-exaltée, n’espérant rien en retour.
Mais en retour, je reçois un drôle de regard.
Et là, je me dis que peut être que j’ai aussi oublié de me brosser les dents depuis un bon moment.
Je referme rapidement la bouche et je paye, avec un sourire pincé, un peu gêné.
La révélation !
C’est en sortant de la pharmacie que je sens la brise de septembre sur ma poitrine… Et que ça me donne un peu froid aux seins… Et je m’aperçois que j’ai deux immenses auréoles de lait autour des mamelons. Sur un top de couleur pâle, c’est… extrêmement visible. Et là, l’engrenage s’enclenche, l’ampoule s’allume et je comprends le drôle de regard de la jeune fille à l’air bête ! Embarrassée et un peu incrédule, je réalise que le lait, ça ne coule pas seulement quand le Baby en boit… Je réalise aussi que j’ai dû avoir la fameuse montée de lait qui vient après l’accouchement (super timing, le lait !). Enfin, je réalise que je vais sérieusement devoir porter un soutien-gorge (la libération de mes seins aura été un statement féministe de courte durée) et surtout, surtout, m’équiper de coussins d’allaitements ! La honte !
En rétrospective…
À bien y repenser, je rigole bien en m’imaginant mortifée, à 20 ans, devant une jeune caissière ignorante à la pharmacie… Aujourd’hui, je sais que bien des femmes ont dû vivre cette expérience, avoir cette révélation à leur façon ! Mais bon, sur le coup, avec l’émotion, la fatigue, les changements hormonaux et l’adoption de toutes ces nouvelles révélations au sein (haha) de mon corps, c’était plutôt marquant !